Bonjour à toutes et à tous. Je m’exprime aujourd’hui au nom de la Convergence Nationale Rail qui porte la voix et les intérêts d’usagers du rail, à savoir de nous tous, car nous sommes tous usagers de la SNCF, c’est pourquoi la composition de la CNR est pluraliste, comprenant des collectifs et comités d’usagers, des syndicats de cheminots, des élus-es progressistes, des collectivités locales, des associations et autres structures, des citoyennes et citoyens. La CNR milite pour défendre, développer, promouvoir un Service public ferroviaire de qualité et contrairement à d’autres représentants les usagers, la CNR est résolument opposée à l’ouverture des activités ferroviaires à la concurrence et ne demande pas que l’on restreigne les conditions d’exercice du droit de grève !!
La formule « CHEMINOTS-USAGERS -Même combat » prend aujourd’hui une acuité particulière au moment où une nouvelle étape charnière se joue quant à l’avenir du chemin de fer en France.
En effet, la Conférence gouvernementale de financement des infrastructures de transport, dénommée : « AMBITION France TRANSPORTS » débutée le 05 Mai à Marseille, poursuit ses travaux, dans un contexte de restrictions budgétaires, l’Etat cherchant 40 milliards d’économies pour bâtir son budget 2026. Ainsi et sans surprise, les services de Bercy pèsent sérieusement et négativement sur les travaux de cette Conférence, au point qu’ils ont choisi une grande partie des participants aux différents ateliers. Le Ministère des finances, à l’instar du Premier Ministre d’ailleurs, refuse toute proposition qui entrainerait de nouvelles dépenses budgétaires. Il propose de faire payer plus les usagers des transports et il propose de taper dans la caisse des collectivités locales qui ont pourtant vu cette année leur dotation budgétaire amputée de 7 milliards d’euros ! Bercy dit qu’il faut décarboner mais par les seuls véhicules électriques, surtout pas par le ferroviaire ! Sans surprise également, les services de Bercy poussent pour, en termes de financement, relancer les PPP (Partenariats Publics Privés) qui sont, par expérience, des PPP, des Partenariats Pour le Privé !!
C’est dire si les rassemblements comme celui d’ aujourd’hui, les convergences d’actions, la mise en mouvement de celles et ceux qui portent une conception progressiste du Service public ferroviaire sont essentiels , à l’instar des mobilisations qui se développent sur les territoires, associant des collectifs d’usagers, des syndicats de cheminots, des élus-es progressistes , des associations, des citoyens-es , visant à défendre des lignes ferroviaires menacées de fermeture ou à créer les conditions de la réactivation et de la réouverture d’autres voies ferrées aux trafics voyageurs et marchandises.
Comme la CNR l’a indiqué au Ministère des transports dans le cadre d’une rencontre le 27 Mai dernier, cette conférence ne doit pas constituer une conférence pour rien, une occasion manquée !
En invitant tous les acteurs concernés, singulièrement les décideurs politiques, à faire preuve d’esprit d’innovation, de volontarisme, d’audace, nous considérons que les travaux de cette conférence doivent faire émerger de nouvelles pistes de financement qui doivent être inscrits, fléchés dans une loi de programmation pluriannuelle de financement des infrastructures ferroviaires.
Les sources de financement ne manquent pas, comme le retour dans le giron public des concessions autoroutières (plus de 40 milliards d’euros de profits accumulés depuis 2006), la mise en place progressive d’une écotaxe (taxe poids lourd) pour les camions étrangers en transit, des taxes sur les m2 de bureaux et sur les parkings de la grande distribution qui bénéficient des transports en commun… Ces apports qui pourraient, au minimum, abonder l’AFITF (Agence de Financement des Infrastructures de Transport de France), permettraient d’entretenir, régénérer, moderniser le réseau ferré national et de développer les activités voyageurs et marchandises, sans pour autant taxer encore plus les usagers du rail ou accentuer la productivité interne à la SNCF.
Comme cela a été souligné, l’heure est grave !
Si d’aventure, à l’issue de la conférence de financement à la mi-juillet, on devait se retrouver sans de nouvelles ressources financières , avec des projets de développement abandonnés, avec de mauvaises solutions qui mettraient à contribution les usagers et les finances de la SNCF , le Réseau Ferré National serait à terme de nouveau amputé de milliers de kms , au détriment de la réponse aux besoins croissants de déplacement des populations ,de l’attractivité économique de nos territoires , de la lutte contre le réchauffement climatique pour laquelle le train constitue un outil déterminant !
Au regard de la situation d’alerte dans laquelle nous nous trouvons, du fait que la SNCF continue de fermer des gares et des guichets et qu’elle joue sur la réduction de l’offre pour augmenter les tarifs, nous nous devons d’intensifier le débat pour convaincre et élever le rapport de force en construisant les convergences nécessaires. C’est là un passage obligé si on veut être plus efficace dans nos actions pour mettre en échec les politiques libérales et imposer d’autres choix, en appui d’un plan de financement pluriannuel apte à redonner des couleurs à notre Service Public ferroviaire.
Sur ces perspectives engageantes, la Convergence Nationale Rail redit sa disponibilité à s’inscrire dans des initiatives rassembleuses ayant pour seuls objectifs, l’intérêt général, la défense et le développement du Service public ferroviaire, la réponse aux besoins sociaux du plus grand nombre.
Je vous remercie de votre attention.
Didier LE RESTE – Président de la Convergence Nationale Rai
