Une initiative militante était organisée par la déroute des routes le samedi 13 et dimanche 14 septembre pour construire des alternatives au projet de transformation de la RN 154 actuellement en 2 fois deux voies entre Dreux et Orléans en projet autoroutier.
Caroline Duvelle, la présidente a rappelé l’ensemble des impacts écologiques qu’aurait un tel projet sur l’environnement et les conséquences en termes financiers pour les usagers qui devraient s’acquitter d’un péage de 9 € pour chaque trajet. L’autre aspect c’est la poursuite de l’artificialisation des sols qui a déjà eu des conséquences désastreuses lors de fortes pluies. Situation évoquée par Guillaume Bailleux, maire de Gasville, lors des inondations du 20 août qui ont touché son village et qui pourraient être dues en partie de la submersion de l’A11 (Paris le Mans) qui pourraient également subvenir avec le projet d’autoroute.
Comme l’a évoqué Guillaume Grima « d’effet de serre toi-même », ce projet autoroutier s’inscrit dans la continuité de celui contournement Est de Rouen et instauré ainsi une continuité autoroutière pour satisfaire les exigences des grandes entreprises de transport routier. Il a été également rappelé que ce projet s’inscrit également dans la mise en place d’une plateforme de chargement de transport combiné près d’Orléans à Fleury les Aubrais pour acheminer conteneurs et camions en provenance d’HAROPA Port – groupement des ports du Havre, de Rouen et de Paris -, dans le cadre de sa stratégie de développement de son hinterland ferroviaire. Cela malgré le raccordement au ferroviaire du port du Havre avec moins de 5 % d’utilisation du train et la présence du triage de Sotteville qui peut servir de point d’ancrage et de triage pour les ports de la région.
Intervenant pour la CNR, j’ai rappelé que la mise en autoroute de la 2 fois 2 voies est la privatisation d’un service public avec un report sur l’usager du coût des investissements que les collectivités ne veulent pas supporter. J’ai rappelé que la concession au secteur privé a déjà généré 48 milliards de profits et 4,5 milliards pour l’année 2024. Cela au moment même est mis en débat le financement des infrastructures notamment ferroviaires dans le cadre de la consultation nationale : « France Ambition Transports », qui a posé avec force le retour des concessions privées sous l’égide de l’Etat. Vœu pieux, s’il en est, quand les ultralibéraux sont aux commandes et qu’il n’est pas question de toucher aux profits! Vu l’incertitude politique, le projet de loi cadre prévu en décembre risque d’être reporté aux calanques grecques avec les conséquences pour de nombreuses lignes en attente de travaux qui n’ont pas à ce jour de financement.
Autre point important, il existe une ligne ferroviaire entre Dreux et Chartres qui pourrait s’inscrire dans le projet de SERM d’Orléans qui permettrait de réaliser une liaison en diagonale. Une étude prévoyait un coût de 50 millions d’euros pour la réhabilitation de cette ligne. Le conseil régional de Centre val de Loire serait favorable à une telle réouverture. Aussi se pose la question des financements et le rôle des préfets de région qui imposent les stratégies de l’Etat au détriment du rôle des collectivités.
L’avantage d’une réouverture, outre la dimension écologique (pas d’artificialisation des sols, respect de l’environnement, peu de gaz à effet de serre etc.) permettrait de desservir le cœur des villes, assurer des correspondances avec le reste du réseau et faciliterait la diamétralisation des déplacements du quotidien sans compter la question du pouvoir d’achat pour les salariés qui bénéficient de la prise au minimum à 50 % de leur frais de transport.
Il peut être également envisagé un tram-train comme Nantes-Chateaubriand qui permettrait également d’assurer une desserte locale avec une redynamisation de tous les villages situés sur l’axe.
En revitalisant cet axe, cela rend possible le retour de trains de marchandises et notamment l’acheminement des céréales vers le port de Rouen par Argentan, Mézidon…
Quant à la solution routière envisagée, au-delà des aspects néfastes pour l’environnement, ils viennent contredire l’engagement à multiplier par 2 le transport de fret par rail et l’objectif de la neutralité carbone en 2050.Il a été rappelé que le port du Havre et de Rouen sont raccordés à l’A 28, très peu utilisé, en raison de son coût exorbitant et que les camions continuent d’emprunter les nationales et les autres axes routiers avec des conséquences pour les riverains mais également pour les finances locales, eu égard la dégradation du réseau routier sur des routes non prévues à cet effet. Cette situation se répètera à l’envi, compte-tenu de la concurrence effrénée entre transporteurs avec les risques d’une accidentologie accrue et une dégradation des conditions de vie pour les riverains (pollution, bruit, salissures etc.).
Pour l’ensemble des organisations présentes et les participants au débat, le ferroviaire reste la solution innovante et qui coche toutes les cases pour répondre à la fois aux besoins de transport et aux exigences environnementales. Rendez-vous a été pris pour poursuive la lutte contre ce projet inutile.
A préciser que ce sont les documents réalisés par la CNR qui ont servi de support au débat :
- Préservons la Planète,
- Pour le développement de l’Arc Atlantique ferroviaire.
Philippe Denolle, Vice-Président de la CNR.
