Situation du rail dans le Grand Est : une analyse d’Hubert Menger

Nous livrons à nos lectrices et lecteurs, à titre de tribune libre instructive, l’analyse ci-dessous d’Hubert MENGER, ancien conseiller économique et social de la région Alsace.

Vosges : Neufchateau, Mirecourt, Rambervillers, Gérardmer les populations sont en chute libre, rien d’étonnant le chemin de fer à disparu ou presque partiellement comme à Neufchateau.
En Alsace, même constat pour Ste Marie aux Mines et sa vallée, Masevaux autrefois si industrielle et dans une moindre mesure Guebwiller et proximité.
En Moselle même situation pour Bitche, le secteur de Château Salins, Dieuze.
En Meuse, c’est également réalité tout autour de Verdun, même topo sur l’ex bassin métallurgique de Briey, Pienne en Meurthe et Moselle.
La faute à qui, bien évidemment à l’aménagement du territoire mené sans véritable réflexion, basé uniquement sur le tout routier sous la houlette des divers politiques successivement au pouvoir.
La démographie en Alsace 
Dès les années quatre-vingts alors que les 3 plus grandes villes prospèrent, le coût de l’habitat y grimpe en flèche, s’en suis un phénomène frontalier on travaille en Allemagne ou Suisse dès lors on s’installe à proximité de la frontière.Hélas le transport collectif reste absent sauf vers Bâle. Ailleurs des citadins rejoignent des localités proches de Strasbourg ou Mulhouse d’où par exemple une forte progression démographique du Piemont basrhinois.
Bien évidemment cette évolution a depuis gagné toute l’Alsace. St-Louis, Haguenau dépassent les 35000 âmes Thann, Sélestat à près de 20000 habitants, Erstein, Bischwiller, Brumath, Saverne, Obernai, Molsheim sont à 10000 habitants voire plus, les vallées de la Bruche et de la Zorn font preuve d’une extension démographique etc… Toutefois, on notera que cette expansion n’est non seulement le contexte de l’emploi frontalier, mais le fait d’une stabilité économique liée à la situation géographique au centre de l’Europe…
L’Alsace un modèle ?
La tendance suivie par les politiques alsaciens fut la même jusque vers 1990, c’est à dire priorité à la bagnole. A partir de là, l’engorgement routier se gonfle, certains indicateurs obligent une partie des élus à opter pour d’autres alternatives. Les écologistes gagnent du terrain, la traditionnelle démocratie chrétienne doit changer son fusil d’épaule, dans les années 80 plusieurs villes deviennent des bastions de gauche.
Inversion des modes
Coincé par certains refus des populations citadines opposées à de nouveaux développements routiers, l’option rail revit. Pour relier ces villes, l’Alsace a recourt au rail en créant le premier rapide TER Corail à grande vitesse. Les résultats sont immédiats les TER 200 remportent un succès fou, normal, Strasbourg et Mulhouse sont reliées en 45mn.
 Urbain… Retour des tramways 
Abandonner vers 1960, Strasbourg socialiste décide de construire un vaste réseau de tram vers 1990
La première ligne de tramway Illkirch-Hautepierre assure dès sa mise en service en  70000 passagers/jour, alors qu’avant le nombre d’usagers CTS bus plafonnait à 40000.
Mulhouse suit l’exemple strasbourgeois, là aussi le succès est au rendez vous.
Réseau TER
En parallèle, quelques dessertes TER sont renforcées notamment vers Haguenau, le Piemont, succès imminent, mais le schéma demeure incomplet. La petite ligne Colmar-Metzeral passe de cinq TER à 17 et retrouve le train les dimanches et fêtes.
En Lorraine statu quo
Cette région se contente de désertifier  ses petites lignes, au détriment de grand slogans axe mosellan en service depuis 1975, ou d’hypothétiques Metrovosges.
Urbain Nancy/Metz
Les grandes villes de Metz et Nancy font des choix peu attractifs bus à Metz, tram à rail guidé système Bombardier régulièrement défaillant.  
Électrifications vosgiennes 
Beaucoup de dépenses en vue de l’arrivée du TGV, cela concernera St-Dié et Remiremont, des culs de sac en réalité, aux dessertes insuffisantes. Cependant, Gérardmer, Vittel sont hors circuit pour ne citer qu’eux.
Réouverture en Alsace 
1996 le court tronçon transfrontalier de Wissembourg est rouvert, dès le début sa fréquentation atteint les milles usagers/jour, toutefois ce n’est pas que le fait de l’Alsace encore réticente, cela évolue par la suite on rouvre successivement Lauterbourg transit et Mulhouse-Neuenburg. Les dessertes ferroviaires des dimanches et fêtes réapparaissent un peu partout, en semaine les fréquences sont considérablement renforcées partout.
Années 2000, le TGV
Au programme des “gares betteraves” Meuse, Lorraine et Vendenheim, la Lorraine accepte ce choix, l’Alsace refuse Vendenheim et choisit Strasbourg gare centrale et le doublement du pont de Kehl.
Le tram-train 
Vers la fin des années 90, deux projets existent, l’un concerne Strasbourg-Barr/Gresswiller, il sera finalement jamais réalisé, l’autre doit relié Mulhouse à Kruth, finalement on se limitera à Thann.
2002 véritable offensive des TER en Alsace, la fréquentation est en net progression, l’atout majeur de l’immobilier laisse apparaître “Gare à proximité”.
2015 Chaos sur rail
En l’absence d’investissements de l’Etat, l’infrastructure des rails à vieillie, de nombreux dysfonctionnements TER apparaissent, toutefois la région s’engage pour la modernisation de certains axes.
2016 le Grand Est.
On peut critiquer, quelques ajustements géographiques en sont la raison, fermeture dans les Vosges, en Moselle Bitche, Sarralbe. Toutefois sans Grand Est, Epinal-Saales était voué à une mort certaine, cependant il y a de quoi s’interroger sur les futurs intentions de la Région qui entend confier certaines concessions de lignes au privé.2018, l’axe transvosgien Strasbourg-St-Dié-Epinal est réouvert, toutefois l’exploitation souffre d’un manque de modernisation.Les fréquences trains Strasbourg-Bale passent à la demi-heure.
Quel avenir pour Sud Lorraine ?
Guère de perspectives en vue pour l’amélioration de la desserte Toul-Neufchateau, les dessertes TGV Lorraine-Sud Est ont délaissé l’itinéraire via Neufchateau.Les TER Nancy-Dijon de substitution ne sont pas pérennisées. Le train des eaux Contrexéville, Vittel est à circulation temporaire.
Pont St-Vincent-Vittel : le projet de réhabilitation n’avance guère .
Rien à l’horizon pour un retour du train à Gérardmer.
En Alsace 

Les réouvertures, antenne de Guebwiller, transfrontalier Colmar-Fribourg : aucun budget à ce jour.
Projets en cours 
SA 2023, création du Réseau Express Métropolitain Eurometropole Strasbourg, augmentation des fréquences de desserte TER vers Wissembourg, Niederbronn, St-Dié. Le projet de desserte ferroviaire de l’aéroport de Mulhouse/Bâle est approuvé. 

Extension du Réseau tram de Strasbourg

2 nouvelles lignes, le réseau Strasbourgeois atteindra alors 80km. Aujourd’hui la fréquentation tram atteint 360000 usagers/jour. Bâle vient également de reconnecter son réseau à St-Louis et envisage son prolongement vers l’Euroairport. Etude d’un système mini métro pour Nancy, reste à voir son efficacité, le projet tram si efficace ailleurs est abandonné, préalablement au profit d’un trolleybus, quand Nancy fera-t-elle choix d’un véritable mode de transport, on ne peut qu’en douter…


Conclusion 
Aujourd’hui, la fréquentation des trains atteint les 100000 usagers/jour pour la seule Alsace, la gare de Strasbourg traitera 700 mouvements trains en 2023, Mulhouse 300 et Molsheim 176 TER, Haguenau 140 etc… D’autres projets transfrontaliers existent, mais toujours hors ruralité. Toutefois, en Alsace le réseau ferroviaire a atteint ses limites de capacité… 
L’abandon de la ruralité reste d’actualité dans les Vosges, voire en Moselle, excluons la Meuse qui compte plus de vaches que de résidents, le déséquilibre est énorme entre l’Alsace, l’axe mosellan et le reste du territoire. Résultat, sans chemin de fer, la campagne se dépeuple, l’économie s’écroule*
Que dire de l’immobilisme de certains élus ruraux concernant le retour du rail dans leurs communes, sont ils les propres fossoyeurs de la ruralité… ou tout simplement des individus complètement hors sol.


*Avec la suppression du train Ste Marie aux Mines a perdu plus de la moitié de sa population depuis 1973.


Hubert MENGER

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